Le concept

Compostage de déchets organiques habituellement brulés pour en faire de l’engrais bio

Stage/Bénévolat

Selon les besoins.

A quelques kilomètres de Chiang Mai, nous avons rencontré Jacques, qui nous a présenté son “petit royaume vert”. Ce projet, qu’il a commencé en 2008 a pour but de créer du compost et de l’engrais bio à partir de déchets des alentours qui sont habituellement brûlés et rejettent alors des tonnes de carbone dans l’atmosphère chaque année.

En effet, le gouvernement cultive 16 km2 de bois de Teck aux alentours, ce qui produit énormément de déchets. Brûlés, ces déchets ont participé à faire de Chiang Mai la ville la plus polluée du monde en Avril 2019, en raison de la quantité énorme de carbone stockée dans le bois. Pour une tonne de bois brûlée, une tonne et demi de carbone se retrouve dans l’atmosphère. Mais une fois composté, ce carbone peut être rendu à la terre. Pour Jacques, “la matière organique se recycle toujours”.

Au moment de s’installer, Jacques as pris la décision de venir dans une région rurale afin de la dynamiser et de maintenir le tissus économique et industriel, d’autant plus dans le contexte actuel d’exode rural. Pour lui, il est très important de soutenir l’économie locale en employant des habitants des villages alentours, en n’utilisant que des produits Thaïlandais et en payant ses salariés généreusement. 

Pour fabriquer des composts et des engrais riches et équilibrés, ils utilisent 50% de bois, 40% de fumier acheté aux éleveurs des alentours et 10% de déchets organiques variés, issus des usines de bois ou du conditionnement des fruits et légumes. Le bois broyé et les autres ingrédients sont mélangés.

On en fait une pile qui sera retournée et arrosée une fois par semaine pendant 1 an au minimum.

Pendant la décomposition des différents éléments, il faut faire attention à la température à l’intérieur de la pile pour éviter la fermentation. On contrôle le taux d’humidité du compost et on arrose si besoin pour garder un bon équilibre entre réactions en conditions aérobies et anaérobies. Ces tests sont faits en contrôlant la texture du compost à la main.

De plus, pour que le compost soit certifié bio, des échantillons sont régulièrement testés en laboratoire pour contrôler l’acidité (le rapport carbone-azote) ainsi que la présence de métaux lourds. Une fois la décomposition terminée, le compost est séché puis mis en sac.

Les 400 tonnes de compost produites par an sont ensuite vendues à des exploitations bio tenues par des entreprises étrangères installées en Thaïlande. Il sert à rétablir un taux de matière organique acceptable pour l’agriculture bio. Il est souvent nécessaire de désacidifier le sol après des années d’agriculture dite “conventionnelle”. Il est primordial de prendre soin des sols et de préserver une teneur élevée en matière organique. Cette perte de matière organique des sols entraîne actuellement une très forte baisse des rendements des rizières Thaïlandaises.

Jacques possède également 22 hectares de terrain cultivé en bio avec 90% de fruits et le reste de légumes. Avec plus de 50 variétés de fruits et 30 de légumes différents, son jardin est difficile à entretenir et n’est pas destiné à faire de profit. Certifié bio USDA, AB et IFOAM, Jacques tente au maximum de respecter la nature en planifiant à l’avance ses plantations, en laissant une partie de ses terres en jachère et en alternant les cultures. Il vend ses produits à de grands chefs installés en Thaïlande qui souhaite utiliser des produits de qualité.

Il essaye de ne produire que ce qui va ensuite être vendu. Les surplus sont écoulés à plus bas prix pour éviter tout gaspillage. Il s’est récemment associé avec 3 autres fermes bio pour faciliter la distribution de ses produits et pérenniser l’activité de son “jardin”.

Il est difficile de posséder une exploitation bio et rentable en Thaïlande, les agriculteurs ne recevant aucune aide de l’état, et la population n’étant pas prête à payer plus pour des produits biologiques. Associé à une difficulté pour trouver des connaissances sur la culture biologique en Thaïlande qui rend la situation plus difficile, cela peut être un peu décourageant de temps à autre.

Cependant, Jacques a plaisir à travailler la terre dans son jardin bio et à enrichir la terre avec son compost. Il espère pouvoir faire encore mieux tourner son usine de compost en trouvant plus de clients pour qu’elle se maintienne longtemps après lui.