Les Biens en Communs

#Communauté Durable

Le concept

Yann Lemoine nous présente un projet innovant autour de la mutualisation de petit électroménager au sein de résidence.

Stage/Bénévolat

Pas de besoin de stagiaire pour lors de notre rencontre, mais peut-être besoin d’aide pour développer le projet.

Origine du projet

La genèse du projet “Les Biens en Communs” date de 2016. Son fondateur a eu l’idée de mutualiser les biens matériels pour réduire l’impact de la conception, de l’utilisation et de la fin de vie de ces biens tout en permettant aux gens de les utiliser quand ils le souhaitent. 

Il a fait le choix de se centrer sur les petits électroménagers car ce sont les biens les plus présents dans les ménages, et en même temps ils ne sont utilisés que ponctuellement. Pour illustrer le constat à l’origine de ce projet, prenons l’exemple de l’aspirateur : dans un immeuble de 40 appartements il y a 40 aspirateurs, en sachant qu’en moyenne, un aspirateur est utilisé une fois par semaine pendant 45 minutes. En parallèle, un aspirateur est vendu toutes les 10 secondes en France. Imaginons ensuite cet exemple à l’échelle du monde…cela a bien évidemment un fort impact sur l’environnement. Pour la collectivité cela fait beaucoup de déchets à gérer et pour l’individu, il ne possède pas tous les biens dont il aurait besoin car il y en a beaucoup, cela prend de la place, c’est un budget et la conscience environnementale est aussi présente. 

Afin de développer son idée il a participé à un concours d’innovation, le “coopérathon” pendant lequel il a travaillé avec une équipe durant 5 samedi. En parallèle, il a fait des interviews et a rencontré des associations pour promouvoir son idée, ainsi que des sondages sur ce qui intéresserai les étudiants et autres utilisateurs potentiel. À la suite de tout cela, la phase de lancement du projet démarre en 2020 avec la recherche de partenaires et la finalisation du concept, notamment le lieu où les biens seront mis en communs. Initialement en effet, l’idée était de les mettre à disposition sur l’espace public.

Descriptif du projet

Ce projet met en commun des biens à louer, actuellement du petit électroménager, dans des casiers situés dans les halls de résidences (que ce soient des HLM, résidences étudiantes, privé, public…). 

Ce projet permettra de proposer une plus grande diversité d’appareils aux utilisateurs, avec très peu de frais d’entretien, pas de stockage et un meilleur impact pour l’environnement.  

L’organisme gère le service : la mise en place, l’entretien, la réparation, et l’animation du service. Le client paye et l’entreprise s’occupe du reste !

Le fondateur définit deux grandes activités dans sa structure : une activité très opérationnelle avec la mise en place, l’entretien et la réparation des produits, et une activité client avec par exemple l’animation des résidences.

L’un des questionnements de ce projet, et le plus gros enjeu, est de savoir si les utilisateurs sont prêts à passer du stade de propriétaire de ces biens à locataire. Pour cela, l’initiative se fixe le but d’apporter les mêmes avantages que la propriété en répondant aux 4 critères suivants : la proximité, la disponibilité lors du besoin, le bon fonctionnement et l’autonomie dans l’utilisation. 

Néanmoins, un des freins du projet est le risque de dégradation du matériel et des produits proposés à la location. Pour l’éviter cela va nécessiter une sensibilisation au préalable sur l’utilisation des produits et l’implication des habitants dans ce projet au quotidien. 

Actuellement basé à Lyon, la finalité de ce projet est de pouvoir réduire le flux de produits entrants et sortants du territoire et d’améliorer les taux de réparation et de recyclage. 

La première cible visée est les résidences étudiantes, c’est là que le prototype de test va démarrer, si cela fonctionne en fin d’année cela sera lancé dans diverses résidentes étudiantes et une phase de test pourra débuter dans les HLM puis s’ouvrir petit à petit sur d’autres types de résidences telles que des résidences privées, publics, résidences seniors ou encore dans les bureaux. 

Le projet a trouvé aujourd’hui des partenaires tels que Leroy Merlin, Boulanger et SEB qui lui ont donné des appareils électroménagers dans la phase de preuve de concept, la BPI qui a financé les casiers et le logiciel et une résidence étudiante de Lyon (Studilodge), dans laquelle va être testé le premier prototype et qui va cofinancer sa mise en place.  

Les appareils qui seront proposés par la structure sont des aspirateurs, des fers à repasser, des mixeurs, des fours, des appareils à raclette, des friteuses, des barbecues électriques et des appareils à croquemonsieur à gaufre, une boîte à outils et des vidéoprojecteurs. L’offre pourra ensuite évoluer en fonction des demandes du consommateur.

Sa définition du développement durable

Pour lui “Le développement durable devrait avant avoir pour objectif un développement humain durable.” L’objectif n’est pas le développement économique et la croissance, qui sont des outils. Des outils qui si plus adaptés pour répondre à l’objectif, doivent être reconsidérés en profondeur. Il considère que c’est aujourd’hui le cas, que le modèle actuel priorise la rentabilité à l’utilité et que la rentabilité aujourd’hui implique une pression mise sur l’environnement qui n’est pas durable. Il est donc urgent de travailler à un modèle où le revenu, l’investissement et la création monétaire ne seront pas liés à des processus de production/consommation de masse.  Cela pourra aboutir à société plus sobre matériellement mais où on pourra vivre de manière plus heureuse par exemple en diminuant le temps de travail et pouvoir se consacrer plus à ses proches, à la collectivité et développer une démocratie locale. 

Son engagement dans le développement durable

Ce projet s’intègre dans le développement durable suivant les 3 piliers qui le composent.

D’un point de vue économique : ce projet a pour vocation d’être autosuffisant, rentable et attirer des investisseurs.

Le modèle et les tarifs proposés varient d’une cible à l’autre. Par exemple, pour les résidences étudiantes, la résidence étudiante s’abonne pour la mise à disposition du service, puis les étudiants payent pour l’utilisation mais à un prix moins élevé car la résidence a payé pour le déploiement des casiers alors que dans d’autre lieu le prix pourra dépendre entièrement des utilisateurs.

Avec les hypothèses actuelles, qui vont être validées sur le terrain dans les semaines à venir, le projet deviendra rentable s’il arrive à équiper 25 résidences de 100 appartements, permettant de fixer l’abonnement de la résidence et le paiement par utilisateur à 17 euros par mois et par étudiant. Ce prix pourra baisser dans les prochaines années si plus de résidences sont équipées.

Il espère un soutien de la collectivité et de la métropole de Lyon de plus en plus engagées dans les projets durables et écoresponsables, ainsi que des pouvoirs publics car les résidences équipées concernent des personnes non solvables.

D’un point de vue environnemental, le fait de mutualiser des produits permet de limiter la production en amont et le recyclage en aval. Le projet devra faire appel à un cabinet faisant des études d’analyse cycle de vie (ACV) pour chiffrer précisément son impact.

D’un point de vue social, le projet a pour vocation de développer la conscience écologique des utilisateurs, d’accompagner le passage du statut de propriétaire à celui de locataire en développant une conscience responsable lors de l’utilisation. Il veut aussi participer à la création de lien social en impliquant chaque membre des résidences dans ce fonctionnement, par exemple à travers diverses activités telles que le fait de décorer les casiers ou de trouver un nom au lieu où sont stockés les biens…

Il va aussi apporter la possibilité aux personnes moins équipées telles que les étudiants d’avoir accès à ces nombreux produits.

Ce projet est actuellement au stade de développement avec le lancement du prototype en février 2021.